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Ma vie de Grenache!

Vous aviez déjà fait un tour dans la tête d’une grappe de Grenache, vous?

 

Un gros hiver et un réveil en douceur.

Bien à l’abri dans mon bourgeon, déjà depuis l’année passée, je dors dans mon bois taillé et coiffé pour la saison prochaine. Planqué mais à l’aise, j’attends que mes pattes se réchauffent, profond dans le sol, pour me faire émerger. On est le 1er avril, je commence à sentir la sève monter et me chatouiller le bois. Bon, plus le choix, faut y aller! C’est parti pour une nouvelle année, les micro feuilles qui m’entourent dans mon bourgeon s’écartent progressivement à mesure qu’elles grandissent. Petit à petit je pointe le bout de mes grains, les feuilles me font de la place en s’écartant. Je sens un petit début de grignotage sur ma feuille gauche, une chenille est en train de se faire plaisir, la garce! Puis arrive cette nuit de fin avril, les Hommes en parlent depuis quelques jours déjà. Je les entends causer de grand froid, je vois bien qu’ils ont les jetons. Ce matin-là, je ne me réveille pas, tout est éteint. Le froid m’a eu, j’étais à peine sortie de mon bourgeon, retour à la case départ, vide, foutu, kaputt.

reprendre mon souffle, me laisser du temps.

Pas grand chose à faire pour rassurer les Hommes, vides eux aussi, sinon me laisser du temps. Le soleil réchauffe, ça fait du bien. Mon bourgeon secondaire aime ça lui aussi, tellement qu’il finit par prendre le relai. Il déballe ses feuilles impétueusement, avec une audace que seuls les bourgeons secondaires osent affirmer au grand jour. La vie reprend, et il se développe avec tous ses congénères. Je les vois faire ce qu’ils peuvent pour rattraper leur retard, mais ça ne dépend pas d’eux. Ah, les novices ! Nous sommes en juillet, je découvre que ce petit malin de bourgeon avait caché une grappe lui aussi. C’est pourtant pas banal pour un secondaire !

M’enthousiasmer ?

Tous ensemble, on finit par se remettre en marche. Je vois les Hommes passer près de moi, me surveiller et m’empêcher de tomber malade. Me protéger des champignons qui m’étouffent et me tuent, s’occuper de me faire grandir droit et me laisser la place d’évoluer entre les fils de fer sur lesquels je m’appuie pour ne pas m’effondrer.

Finir en beauté !

On avance, en rang serré. Mes grains changent de couleur, ceux des autres aussi. Finalement, on a fait un joli bout de chemin pour arriver à ça. Je commence à retrouver le ballet des vendangeurs, je reconnais les mêmes que les autres années. Je vois même un petit nouveau avec eux, ça ne fait pas longtemps qu’il est là lui. Je crois même que c’est la première fois que c’est lui qui s’occupe de me faire vendanger. Je les entends dire que je suis la dernière grappe cette année, ils sont contents malgré une saison qui m’a semblée étrange et décalée, comme à eux. Finalement, les autres grappes de Grenache et moi, on a souffert mais on a donné une belle récolte. Au moment où je tombe dans la cuve sombre et noire des Hommes, à l’aube de ma transformation, j’aime à penser que j’ai vécu une belle saison, une de plus. Vivement la prochaine !

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@domaineduparadis

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